Auguste Marmont
Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont, duc de Raguse, fut l’un des maréchaux d’Empire les plus controversés de Napoléon Bonaparte. Réputé pour son talent militaire, mais aussi pour son rôle dans la trahison de Napoléon en 1814, il demeure une figure ambiguë de l’épopée napoléonienne.
Jeunesse et début de carrière
Marmont naquit le 20 juillet 1774 à Châtillon-sur-Seine, en Bourgogne, dans une famille de petite noblesse. Fasciné par la carrière militaire, il intégra l’école d’artillerie de Châlons à 15 ans. En 1792, il rejoignit les armées de la Révolution française, où il fit preuve de grandes compétences en artillerie.
Marmont rencontra Napoléon Bonaparte en 1793 lors du siège de Toulon, une campagne décisive où Napoléon commença à se faire un nom. Marmont devint rapidement l’un de ses proches collaborateurs et participa à ses premières campagnes, notamment en Italie et en Égypte.
Carrière sous le Consulat et l’Empire
Sous le Consulat, Marmont occupa des postes importants grâce à sa proximité avec Napoléon. Il devint général de division en 1799 et accompagna Napoléon dans ses campagnes les plus célèbres.
- Campagne d’Italie (1796-1797) : Marmont joua un rôle actif, notamment en dirigeant l’artillerie lors de batailles majeures.
- Campagne d’Égypte (1798-1799) : Il suivit Napoléon en Égypte et participa aux batailles d’Aboukir et des Pyramides. Marmont fut également chargé de l’administration d’Alexandrie pendant l’expédition.
- Maréchal d’Empire (1809) : Marmont fut nommé maréchal après sa contribution lors de la bataille de Wagram, où il commanda avec succès un corps d’armée. Il reçut également le titre de duc de Raguse, en reconnaissance de ses services.
Gouverneur de Dalmatie et campagnes militaires
Marmont fut nommé gouverneur de Dalmatie (actuelle Croatie), où il administra la région avec rigueur et efficacité, modernisant les infrastructures et consolidant le contrôle français.
Cependant, ses performances militaires furent inégales. Pendant la guerre d’Espagne (1811-1812), il affronta les forces britanniques de Wellington et subit une défaite décisive à la bataille des Arapiles (1812). Cet échec affaiblit les positions françaises dans la Péninsule ibérique et entacha sa réputation.
Trahison en 1814
La partie la plus controversée de la carrière de Marmont survint en 1814, lors de l’effondrement de l’Empire napoléonien. Alors qu’il commandait une armée défendant Paris face aux Alliés, Marmont négocia la reddition de ses forces sans l’autorisation de Napoléon. Ce geste précipita l’abdication de l’Empereur et fut perçu comme une trahison.
En raison de cet acte, Marmont devint une figure honnie parmi les anciens partisans de Napoléon. Son nom fut associé au mot “raguser”, synonyme de trahison dans le langage populaire français.
Après l’Empire
Sous la Restauration, Marmont fit allégeance à Louis XVIII et continua à servir sous la monarchie. Il fut nommé pair de France et occupa divers postes administratifs et diplomatiques. Pendant les Cent-Jours (1815), Marmont resta fidèle au roi et refusa de rejoindre Napoléon, ce qui renforça encore son image de traître parmi les bonapartistes.
Marmont quitta la France après la révolution de 1830 et vécut en exil dans divers pays européens, notamment en Autriche. Il se consacra à l’écriture et publia ses mémoires, dans lesquelles il tenta de justifier ses actions.
Mort et héritage
Marmont mourut le 22 mars 1852 à Venise, dans l’Empire autrichien.
Son héritage est ambivalent. D’un côté, Marmont fut un administrateur compétent et un officier talentueux, ayant joué un rôle important dans plusieurs campagnes de Napoléon. De l’autre, sa reddition en 1814 et sa loyauté envers la monarchie après la chute de l’Empire ternirent sa mémoire. Son nom est inscrit sous l’Arc de Triomphe à Paris, en reconnaissance de ses contributions militaires, mais sa figure reste marquée par la controverse.