André Massena
André Masséna, surnommé par Napoléon “l’Enfant chéri de la victoire”, fut l’un des plus brillants généraux de l’armée française et un maréchal d’Empire reconnu pour ses talents tactiques et stratégiques. Né dans une famille modeste, il incarna l’ascension sociale rendue possible par la Révolution française et joua un rôle clé dans de nombreuses victoires napoléoniennes.
Jeunesse et débuts militaires
André Masséna naquit le 6 mai 1758 à Nice, alors sous domination du royaume de Sardaigne. Orphelin à 6 ans, il fut élevé par un parent. À 17 ans, il s’engagea dans l’armée du roi de Sardaigne, mais quitta rapidement les rangs pour devenir marin. Après plusieurs années en mer, il rejoignit l’armée française en 1775.
Avec la Révolution française, Masséna se réengagea dans l’armée en 1791 et profita des opportunités offertes par la levée des restrictions sociales. Il se distingua par ses compétences et gravit rapidement les échelons, devenant général de brigade en 1793 et général de division en 1794.
Carrière révolutionnaire
Pendant les guerres révolutionnaires, Masséna joua un rôle clé dans les campagnes en Italie. Il s’illustra particulièrement à Rivoli (1797) lors de la campagne d’Italie menée par Napoléon Bonaparte, où ses talents tactiques contribuèrent à une victoire décisive contre les Autrichiens.
En 1799, lors de la bataille de Zurich, Masséna remporta une victoire majeure contre les forces austro-russes, consolidant son statut de grand stratège. Sa défense de la Suisse permit de stabiliser le front français face à la Deuxième Coalition.
Sous le Consulat et l’Empire
En 1804, Napoléon le nomma maréchal d’Empire, reconnaissant son rôle déterminant dans les campagnes précédentes. Masséna continua à s’illustrer sous l’Empire, notamment lors des campagnes suivantes :
- 1805 (Campagne d’Austerlitz) : Bien qu’il ne participe pas directement à la bataille d’Austerlitz, Masséna contribua à la campagne par sa gestion des forces dans le sud de l’Europe.
- 1809 (Campagne d’Autriche) : Lors de la bataille de Wagram, il joua un rôle crucial sur l’aile gauche de l’armée française, consolidant les positions françaises face aux Autrichiens.
- Guerre de la Péninsule (1808-1811) : Napoléon envoya Masséna en Espagne et au Portugal pour commander les forces françaises. Malgré ses succès initiaux, il subit une défaite significative à Busaco (1810) contre les troupes britanniques de Wellington. Il échoua également lors du siège de Torres Vedras, ce qui marqua un tournant dans la guerre de la Péninsule.
Déclin et retraite
Les campagnes en Espagne et au Portugal affectèrent gravement la réputation de Masséna. En 1811, Napoléon le releva de son commandement, mécontent de ses performances. À cela s’ajoutèrent des critiques sur sa gestion des ressources et des soupçons de corruption, bien que ces accusations soient controversées.
Pendant les Cent-Jours en 1815, Masséna resta en retrait et ne rejoignit pas Napoléon, préférant se retirer de la vie publique. Il fut néanmoins reconnu comme un héros militaire et conserva une position de respect sous la Restauration.
Mort et héritage
André Masséna mourut le 4 avril 1817 à Paris, après une vie riche en batailles et en gloire. Son nom est inscrit sous l’Arc de Triomphe à Paris, un hommage à ses contributions exceptionnelles aux victoires françaises.
Masséna est considéré comme l’un des plus grands tacticiens de son époque, un maître dans l’art de la manœuvre et de la défense. Sa carrière illustre à la fois la grandeur des guerres napoléoniennes et les défis politiques auxquels étaient confrontés les généraux de cette époque.
Portrait écrit par Napoléon
Massena né à Nice était entré au service de la France dans le régiment de Royal Italien; il était officier au moment de la Révolution. Il avança rapidement et devint général de division. A l’Armée d’Italie, il servit sous les généraux en chef Dugommier, Dumorbion, Kellermann et Schérer. Il était fortement constitué et infatigable, nuit et jour à cheval parmi les roches et les montagnes; c’était le genre de guerre qu’il entendait spécialement. Il était décidé, brave, intrépide, plein d’ambition et d’amour-propre; son caractère distinctif était l’opiniâtreté; il n’était jamais découragé. Il négligeait la discipline, soignait mal l’administration, et par cette raison, était peu aimé du soldat. Il faisait assez mal les dispositions d’une attaque. Sa conversation était peu intéressante; mais au premier coup de canon, au milieu des boulets et des dangers, sa pensée acquérait de la force et de la clarté. Etait-il battu, il recommençait comme s’il eût été vainqueur.