Après avoir fait l’essai du gouvernement républicain avec la Convention et le Directoire, la France revient au régime absolu avec le Consulat et l’Empire : c’est, de nouveau, comme sous la royauté, le gouvernement d’un seul homme, Napoléon Bonaparte, d’abord consul puis empereur.
1. Bonaparte, Premier Consul, est maître absolu de la France
Bonaparte, Premier Consul, fut le vrai et le seul maître de la France, à peu près comme le roi avant 1789.
De nom, le gouvernement de la France est toujours la République, mais, en fait, c’est la monarchie. « Le citoyen Premier Consul » est un véritable souverain, à qui il ne manque plus que le droit de léguer son pouvoir à ses héritiers; ce droit, il l’obtiendra en devenant empereur.
Les Français acceptent très volontiers ce retour au régime absolu; ils en avaient assez des désordres révolutionnaires; ils sentaient le besoin d’un gouvernement fort, d’un homme énergique : ils acclamèrent Bonaparte. Leur confiance ne sera pas trompée. Le Premier Consul entreprit aussitôt la réorganisation du pays.
2. Bonaparte donne à la France une organisation simple et durable
L’Assemblée nationale constituante avait divisé la France en départements et les départements en communes; mais elle avait commis une grosse erreur en laissant à des assemblées ou à des citoyens élus le soin d’administrer ces nouvelles divisions. Les juges eux-mêmes étaient choisis par les électeurs. Comme il fallait s’y attendre, la plupart de ces administrateurs pensèrent plutôt à se faire réélire qu’à bien diriger les affaires qui leur étaient confiées.
Bonaparte comprit que les administrateurs doivent être indépendants de leurs administrés. Il choisit des hommes honnêtes et compétents. Ce fut une de ses grandes qualités que d’avoir su distinguer la valeur et le mérite de ses auxiliaires.
3. La formation de l’Etat contemporain
Tout était à réformer, à refaire, pour ainsi dire, depuis les troubles de la Révolution, qui n’avait pas su remplacer les institutions qu’elle avait abolies. Bonaparte donna à la France une organisation si simple et si forte que tous les gouvernements qui se sont succédés depuis l’empire l’ont conservée et qu’elle dure encore.
Dès son arrivée au pouvoir, il s’occupa de réformer l’administration, la justice, les finances, et de donner au pays la paix religieuse par l’établissement du Concordat.
Organisation administrative. Bonaparte conserva à peu près les divisions territoriales établies par l’Assembleé nationale constituante, mais il fit administrer les départements, les arrondissements, qu’il créa lui-même, et les communes, par des préfets, des sous-préfets, des maires, non plus élus, mais choisis par lui, et assistés soit d’un conseil général, d’un conseil d’arrondissement ou d’un conseil municipal pour les affaires financières. Les préfets étaient renseignés sur toutes choses par les sous-préfets et les maires; à leur tour, ils rendaient compte au Premier Consul de ce qui se passait dans leurs départements, et, par eux, Bonaparte tenait en main l’administration de tout le pays.
Organisation judiciaire. Pour bien rendre la justice, selon la loi et non pas selon les électeurs, Bonaparte nomma lui-même les juges. Il plaça dans chaque canton un juge de paix, dans chaque arrondissement un tribunal correctionnel, dans chaque département un tribunal criminel. Au-dessus des tribunaux de département, il y eut des tribunaux d’appel dans quelques villes plus importantes; et, à Paris, il y eut le tribunal de cassation.
Pour faciliter l’étude et la connaissance des lois, le Premier Consul fit achever la rédaction du Code civil, commencé sous la Révolution. Ce fut une oeuvre très utile, adoptée d’ailleurs ensuite par de nombreux pays. Nos notaires et nos juges se servent encore du Code napoléonien.
Organisation financière. Pendant la Révolution, une grande partie des impôts versés par les citoyens ne parvenaient pas jusqu’aux caisses de l’Etat. Pour y remédier, Bonaparte créa une administration très simple. Un percepteur dans chaque canton était chargé de recueillir les impôts des communes, puis de verser au receveur général du département, et celui-ci les faisait parvenir jusqu’au ministre des Finances. Cette organisation si simple permit à Bonaparte, comme elle permet encore à notre gouvernement, de faire rentrer dans les caisses de l’Etat tous les impôts du pays.
Bonaparte fonda en outre la Banque de France, à qui il accorda le privilège d’émettre des billets de banque, plus faciles à faire circuler que l’or et l’argent, et qui aida ainsi au développement du commerce et de l’industrie.
4. Le Concordat de 1801 – la paix religieuse
Le plus beau titre de gloire de Bonaparte, c’est d’avoir rendu à la France la paix religieuse par le Concordat.
On sait combien la religion était persécutée depuis la Révolution. Toutes les églises étaient fermées ou servaient de magasins pour mettre du foin ou des denrées. On y donnait parfois des fêtes sacrilèges, des bals, des concerts. Combien les bons catholiques souffraient de ne pouvoir pratiquer publiquement leur religion!
Bonaparte s’entendit avec le pape Pie VII et signa avec lui un traité appelé Concordat(1801).
Les églises furent rendues au culte et on peut y célébrer les offices en toute tranquillité.
D’après le Concordat, les évêques étaient nommés par le Premier Consul, mais d’accord avec le Pape. Les curés étaient nommes par les évêques. Le clergé recevait un traitement pour le dédommager de la perte de ses biens, confisqués en 1791 par la Constituante.
Pour fêter le retour à la paix religieuse, le Premier Consul fit chanter un Te Deum solennel à Notre-Dame de Paris. Il y assista avec tous ses généraux.
En résumé, grâce à Bonaparte, la France redevint riche et prospère. Depuis longtemps elle n’avait été aussi bien gouvernée et tous les bons Français en furent vivement reconnaissants au Premier Consul.
5. La guerre contre l’Autriche. Deuxième campagne d’Italie. Victoire de Marengo
La France était toujours en guerre avec l’Angleterre et l’Autriche. Bonaparte aurait bien voulu rendre à la France la paix extérieure, comme il lui avait rendu la paix intérieure. Il offrit aux ennemis de traiter. L’Angleterre et l’Autriche refusèrent. Alors, pour combattre l’Autriche, il repartit pour l’Italie.
Mais cette fois, Bonaparte ne suivit pas le même chemin que la première fois. Pour mieux surprendre les Autrichiens, il franchit les Alpes au mont Saint-Bernard, à une hauteur de plus de 2000 mètres. Ce fut très difficile et très pénible.
Soudain, Bonaparte parut dans la grande plaine du Pô, dans le Nord de l’Italie. Les Autrichiens étaient stupéfaits. Ils se demandèrent par où il avait bien pu passer et couraient de tous côtés pour ne pas être cernés.
Bataille de Marengo. Les Autrichiens avaient fini par se réunir à Marengo, au nombre de 50 000. Bonaparte n’avait que 20 000 hommes. Il les attaqua cependant avec fureur. Mais il ne put les déloger de leurs positions. Il fut obligé de battre en retraite. Les Autrichiens, tout heureux d’avoir remporté une victoire, s’avançaient dans la plaine en chantant, précédés de leurs musiques, qui jouaient des airs joyeux. Ils ne s’occupaient pas de surveiller les Français. C’était imprudent. Bonaparte le leur fit bien voir.
En effet, pendant ce temps, le Premier Consul avait fait venir en toute hâte auprès de lui son lieutenant Desaix, qui était détaché à quelques lieues de là avec ses régiments. Desaix, arrivant au galop, se présenta à son général : « Eh bien! lui dit Bonaparte, tu voix la bataille est perdue. »
Desaix tire sa montre et répond : « Mon général, il n’est encore que trois heures. Nous avons le temps d’en gagner une autre! »
Ainsi fut fait, Les troupes de Desaix se jetèrent à l’improviste dans le flanc des colonnes autrichiennes, tandis que Bonaparte les accablait soudain de boulets. Hélas! Desaix tomba de cheval, frappé à mort. Mais les Autrichiens, complètement surpris, se débandèrent et s’enfuirent. Cette fois, la bataille était bien gagnée. Cela prouve qu’avec de la ténacité, si l’on ne « jette pas le manche après la cognée », comme dit proverbe, on en arrive presque toujours à triompher.
La paix avec l’Autriche – 1801. L’Autriche fut encore battue en Allemagne. Elle signa aussitôt la paix. Elle nous rendit tout ce qu’elle nous avait repris en Italie.
6. La paix générale – 1802
L’Angleterre, se trouvant toute seule contre nous, fit comme l’Autriche et signa la paix à Amiens (1802). Elle nous rendit la plupart des colonies qu’elle nous avait prises. Les guerres avec l’Europe avaient duré dix ans, de 1792 à 1802.
7. Napoléon Ier empereur – 1804
Ainsi donc, pour la première fois depuis la Révolution, nous sommes en paix avec toute l’Europe. La joie est grande en France. On admire le Premier Consul, qui a fait de si grandes et de si belles choses.
En reconnaissance, les Français le nomment d’abord consul pour toute sa vie, puis, en 1804, Empereur sous le nom de Napoléon Ier.