Ouverture 1812

Piotr Ilitch Tchaïkovsky (1840-1893)

En 1880 Nicholas Rubinstein commissionna Tchaïkovsky d’écrire un morceau patriotique et grandiose pour d’une part l’exposition des arts et de l’industrie de Moscou, et d’autre part la consécration de la cathédrale du Sauveur de Moscou (construite pour commémorer la libération russe de l’invasion Napoléonienne). Il existait déjà une ébauche concernant l’utilisation simultanée d’une fanfare, de cloches, d’un canon et d’un orchestre symphonique. Ces plans semblaient indiquer une exécution à l’air libre devant le Kremlin avec le canon déclenché électriquement depuis le pupitre du chef d’orchestre, pendant que les cloches de la nouvelle cathédrale accompagnées des centaines des tours et clochers du Kremlin ajouteraient leur clameur au tumulte grandiose.

Le contenu expressif musical de l’ouverture de Tchaïkovsky suit autant que possible le caractère chanceux des russes pendant et après le décisif 7 septembre 1812, quand les armées de Russie et de France s’affrontaient amèrement à Borodino, avec les Russes fuyant Moscou et Napoléon prenant la ville. Ce jour marqua le départ de la longue et désastreuse retraite de Russie qui détruisit l’honneur de la Grande Armée.

L’humeur solennelle est posée au commencement par les 8 violoncelles entonnant l’hymne Dieu Protège Tes Enfants. Suit le corps de l’ouverture dans lequel l’évolution thématique d’un combat féroce est obtenue par l’opposition de fragments de la Marseillaise et de chansons populaires russes. Les interludes lyriques sont fondés pour la plupart sur un matériau populaire russe. La coda est introduit par un puissant crescendo de la Marseillaise dont la dernière mesure est confrontée à l’explosion grandiose de la fanfare et des percussions appuyées par les détonations du canon. Une longue cadenza pour l’ensemble des cordes descend la voie vers un ton nouveau dans lequel tout l’orchestre, la fanfare, les carillonnements des cloches d’églises portent en triomphe solennel Dieu Protège Tes Enfants. Puis vient le pas cadencé russe en contrepoint à Dieu Protège le Tsar accentué rythmiquement par les tirs du canon.